Santé - Environnement

Adopté en 2013 pour l’Île-de-France, ce plan devait permettre à notre région de baisser ses niveaux de pollutions pour atteindre les préconisations européennes, mais aussi celles de l’Organisation mondiale de la santé qui s’effrayait de leurs effets importants sur la santé. Perte d’une demi-année de vie au niveau individuel, c’est peu, mais pour 12 millions de Franciliens cela fait presque 10 000 vie perdues chaque année, soit l’équivalent de petites villes comme Arpajon, Claye-Souilly ou Croissy sur Seine!

Deux alarmes récentes, le rapport de la sénatrice Leila Aïchi sur le coût sanitaire de la pollution de l’air, en juillet 2015, plus de 100 milliards d’euros/an, et le rapport de la Cour des comptes (Évaluation des politiques nationales de lutte contre les pollutions atmosphériques, 16 janvier 2016) indiquent que nous sommes très loin en Île-de-France de juguler cette crise sanitaire. Un fiasco même, clament certains médias devant la menace des 200 millions d’euros que va infliger Bruxelles à notre pays. Airparif, qui mesure depuis 1979 les principaux polluants de notre air, indique que des progrès légers ont été accomplis depuis 2000, mais que la situation demeure préoccupante, car les seuils réglementaires sont toujours « sévèrement » dépassés. Entre les petites particules et les oxydes d’azote, ce sont plus de 2 millions de Franciliens touchés dont 8 Parisiens sur 10.
L’origine de ces progrès ne réside pas dans la mise en œuvre des mesurettes du PPA, mais plutôt dans la désindustrialisation de notre région et les avancées dans les transports et le chauffage.

L’Union européenne a classé la France 15e sur 28 pour ses efforts à protéger sa population. Des ONG européennes ont établi le classement des capitales européennes pour la qualité de leur air. En 2015, c’est Zurich qui est en tête devant Copenhague et Vienne. Paris arrivant en huitième position, après Berlin et Londres. Les bons élèves agissent sur deux leviers simultanément, la prévention, en mettant en place des mesures de protection sur le long terme telles que le développement des espaces de nature en ville, et le traitement, en réglementant les déplacements motorisés et les normes de chauffage. Typiquement, Berlin transforme ses friches industrielles en espace de nature qui jouent un rôle très protecteur contre la pollution alors que notre capitale les urbanise intensément en « réinventant Paris » avec vingt-deux projets de construction.

Notre pays semble incapable de maîtriser harmonieusement son développement économique et la protection de sa population, l’économie prenant toujours le pas sur la santé des personnes. Les impacts environnementaux et sanitaires doivent entrer dans les bilans de la Nation pour comparer leurs niveaux à ceux de l’économie. Enfin, c’est par une action concertée à la fois des secteurs économiques, des pouvoirs publics et des citoyens, c’est-à-dire en mettant en place un véritable développement durable que l’on pourra progresser et éviter les lourdes amendes.

 

 

Michel RIOTTOT
Président d’honneur de FNE Ile-de-France

Élus et associations environnementales (ADENCA, NE77, FNE Ile-de-France, etc.) se sont mobilisés localement pour demander un diagnostic environnemental des pollutions et des nuisances de toutes sortes (eau, air, sols) et des données épidémiologiques.

A la suite de quoi l’Etat, par l’intermédiaire du préfet de Seine-et-Marne, a décidé de financer une étude de zone dans le Nord-Ouest de Seine-et-Marne, suivant la méthode préconisée par l’INERIS. Cette décision est issue du PNSE2, plan national santé environnement, action 32 : « identifier d’ici 2013 les principales zones susceptibles de présenter une surexposition de la population et réduire les niveaux d’exposition de la population et réduire les niveaux de contamination, assurer leur surveillance environnementale,… ». Ici décliné en PRSE (plan régional santé environnement).

 

Une étude de zone, c’est quoi ?

Elle vise à évaluer sur l’ensemble d’une zone d’activité économique, souvent industrielle, les émissions dues aux activités, aménagements, transports induits.

Elle cherche à refléter l’exposition réelle de la population et des milieux aux différents polluants chimiques.

C’est une opération collective animée par un comité de pilotage constitué de cinq collèges : administration, exploitants, élus, associations, personnes qualifiées.

Elle dure 2 à 3 ans, se déroule en plusieurs phases nécessitant un cadrage et un suivi régulier des travaux.

Guide de l’INERIS pour la conduite d’une étude de zone :http://www.ineris.fr/centredoc/drc-guide-etude-zone-v5final101111-1321430999.pdf

 

Une première étude de zone pilotée par le sous-préfet de Mantes a déjà été initiée dans la vallée de la Seine dans le cadre du PNSE2 en 2010.

On trouve notamment dans cette partie de l’Ile-de-France :

-    7 ICPE SEVESO dans la zone industrielle de Mitry-Mory, la plus grande d’Ile-de-France,

-    le plus grand nombre de décharges de France (déchets dangereux à Villeparisis, déchets ménagers à Claye-Souilly, la plus importante d’Europe)

-    nombre d’ISDI, installations de stockage de déchets inertes

-    l’aéroport Charles de Gaulle et toutes les pollutions liées

-    le fort de Courtry/Vaujours pour lequel les élus des communes ont demandé une étude épidémiologique.

 

C’est une zone aux enjeux multiples : densité d’installations et de population importante et en augmentation, urbanisation croissante, activité agricole encore présente, des cours d’eau dégradés, tel le bassin de la Beuvronne.

L’objectif de cette étude est d’évaluer les impacts des activités humaines (industrie, agriculture, transport) sur les milieux, d’évaluer les impacts sanitaires et les risques pour les populations, et de présenter des mesures concrètes de prévention et de gestion adaptées.

Elle est pilotée par la préfecture et la DRIEE qui dispose d’un budget de 150 000€ pour lancer le dispositif.

La première réunion du comité de pilotage a eu lieu le 10 juin 2015.

Après des années d’attente, les associations font part de leur satisfaction et considèrent que cette avancée est importante.

 

Christine GILLOIRE

Chargé de mission Risques industriels