AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
Piscine de Noisy-le-Sec
L'alibi des JO 2024

 

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189 20 Piscine Noisy 242Les prochains jeux Olympiques ne seront une chance pour la Seine-Saint-Denis, que s’ils bénéficient de manière durable aux territoires et aux populations locales. La construction de la piscine d’entraînement de Noisy-le-Sec, destinée aux équipes olympiques de water-polo, est la démonstration que l’intérêt général peut être rapidement dévoyé au bénéfice d’un programme immobilier, loin de l’excellence environnementale affichée par le comité d’organisation des JO.



Le nombre de piscines mises à disposition des habitants de Seine-Saint-Denis est bien faible par rapport à la moyenne des bassins de natation en Ile-de-France : 0,2 piscine pour 10 000 habitants contre 0,6 en Ile-de-France.
Le plan piscine lancé par le conseil départemental de Seine-Saint-Denis vise à mettre fin à cette inégalité et l’organisation des JO 2024 peut être une opportunité exceptionnelle de développer le sport de proximité, en particulier la pratique de la natation.

Ainsi, le projet de piscine intercommunale du Pont de Bondy devrait il profiter à tous les habitants du territoire. Cependant la version proposée ne correspond en rien aux objectifs affichés par le comité Paris 2024, ni pour l’excellence environnementale, ni pour l’héritage local.

Un projet immobilier démesuré et inadapté
Au projet de piscine d’entraînement a été associé un important programme immobilier : 201 logements, une résidence de 172 appartements, un hôtel de 126 chambres et la réimplantion du magasin Décathlon. Le volume de ce programme est très loin de l’esprit des autres programmes en projet à ce jour pour les JO 2024.
En effet, pour le village olympique dont la SOLIDEO est maitre d’ouvrage, c’est un quartier cohérent en termes de volumétrie, hauteur, densité et utilisation de matériaux à faible empreinte carbone qui est proposé.

Tandis que le projet du Pont de Bondy intégrant la piscine et piloté par l’EPT Est Ensemble est à l’opposé de cette démarche : saisi de la folie des grandeurs, il prévoit des tours de 60 mètres de hauteur !
Par ailleurs, la traversée du canal de l’Ourcq au Pont de Bondy est bien connue pour sa congestion automobile permanente et la pollution de l’air qui en résulte. Sa proximité avec les autoroutes A3 et A86 en fait un des sites les plus pollués de Seine-Saint-Denis, bien peu propice à la construction de logements ou résidences.

En outre, le choix du lieu pour implanter la piscine et ses dérivés est particulièrement catastrophique d’un point de vue paysager pour le canal de l’Ourcq. Ce dernier est réputé « Grand Paysage » en raison des perspectives qu’il offre pour tout un territoire ; les projets de tours au pont de Bondy détruiront pour toujours ce paysage et les alignements d’arbres qui font son « caractère ».

Enfin, le projet présenté est formellement en désaccord avec les enjeux exprimés dans le PLUI d’Est Ensemble dont l’enquête publique s’est terminée le 7 novembre dernier.

En dépit des grands objectifs vertueux attachés à l’héritage des JO 2024, le projet prévu, en dehors de la piscine qui profitera aux enfants des écoles de Bondy et de Noisy-le-Sec et à l’équipe de water-polo de Noisy-le-Sec, ne bénéficiera en aucune manière aux habitants du territoire.

Francis REDON
Président d’Environnement 93
environnement93.fr