Transports & Mobilité Durable

TRANSPORTS ET MOBILITÉ DURABLE

Se déplacer en Ile-de-France
des innovations à l'essai

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 198 18 Photo navette 150La situation des transports en Ile-de-France est devenue un casse-tête pour la majeure partie des usagers qui, quotidiennement, se rendent sur leur lieu de travail. Les transports en commun en site propre (TCSP) connaissent des lendemains qui déchantent, avec retards, suppressions de trains, saturations, notamment sur l’ensemble du réseau RER.
Par ailleurs, les déplacements routiers connaissent eux aussi une quasi-saturation sur l’ensemble du réseau, conséquence de l’absence d’un aménagement cohérent du territoire francilien.

 

Le Mal français

En effet, des lieux de vie éloignés des bassins d’emplois, surtout le cœur d’agglomération qui concentre la grande majorité des emplois franciliens, conduisent les populations à des déplacements pendulaires que nous avons déjà décrits dans le n°195 du bulletin Liaison. Une formidable pagaille que les pouvoirs publics et nos élus locaux ont bien du mal à maîtriser.  « Le Mal français » aurait dit Alain Peyrefitte, ancien Ministre, dans un ouvrage rendu célèbre en 1976. Il mettait en avant l’impuissance de notre système politique.

Malgré ce triste constat, les mêmes erreurs se perpétuent dans un grand nombre de nos communes en contradiction avec des intentions pourtant louables comme le zéro artificialisation nette (ZAN), la loi d’orientation des mobilités (LOM), etc.

La ville irriguée

Comme l’organisme humain, la ville ne peut prospérer sans une irrigation  de ses déplacements.  A l’image de la circulation sanguine, la fluidité du trafic est un gage de réussite d’un aménagement urbain. « La ville est un organisme vivant, les mots qui la caractérisent sont issus des mêmes concepts. Ainsi, parle-t-on du cœur de la ville, de ses poumons avec ses espaces verts, de ses artères, de la fluidité de ses transports, de ses malaises, de ses embarras »*. Actuellement nous sommes très loin de gagner ce défi majeur.

Une initiative intéressante

Pourtant des idées se font jour, comme cette initiative de la société RiverCat, lauréat de l’appel à projets de démonstrateurs de bateaux décarbonnés en 2024, en proposant de développer le trafic fluvial sur plusieurs tronçons de la Seine. Profitant des jeux Olympiques de 2024, des navettes électriques seront mises en service et permettront de relier plusieurs communes :

  • la première d’Alfortville à Issy-les-Moulineaux ;
  • la seconde de Soisy-sur-Seine à Beaugrenelle ;
  • une troisième ligne permettrait de relier Soisy-sur-Seine à Juvisy-sur-Orge via Ris-Orangis en 20 mn. Celle-ci serait maintenue au-delà des JO si le succès est au rendez-vous.

Actuellement, il existe une navette fluviale, créée en 1989 par la société des Batobus qui en est l’exploitant. Elle est réservée essentiellement au tourisme sur Paris entre le jardin des Plantes et la Tour Eiffel.

Mais ne pouvons-nous pas espérer une croissance continue de ce mode de déplacement destiné à soulager les trafics ferroviaire et routier ? Elargi au fret à grande échelle, ce serait aussi une façon de répondre au défi climatique en diminuant très sensiblement le transport des poids lourds, un fléau pour la traversée de nos villes et un important générateur de gaz à effet de serre (GES). Toutes les solutions contribuant à une baisse des émissions de CO₂ sont à privilégier. A une condition cependant : arrêter la croissance continue d’une région capitale qui détient un record de densité humaine sur l’échelle mondiale, en particulier dans la Métropole du Grand Paris.

Jean-Pierre Moulin
Président d'Essonne Nature Environnement

ene91.fr/

 

 *La ville en vie, éditions La Tour Gile – 2000

 

TRANSPORTS

Comme à l'aéroport d'Amsterdam

le trafic aérien doit être limité à Roissy

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19 Photo Transport aerien 200Les associations demandent le plafonnement de Roissy à 440 000 mouvements par an, comme cela a été décidé pour l’aéroport d’Amsterdam : une mesure nécessaire afin de protéger la santé des Franciliens, mais aussi le climat.

En juillet 2022, les Pays-Bas ont pris une décision historique : restreindre le trafic de l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol à 440 000 mouvements par an, soit 12 % en dessous du niveau de 2019, pour protéger les riverains exposés à des niveaux de bruit élevés délétères pour leur santé, mais aussi pour réduire la pollution atmosphérique et les émissions de CO2 engendrées par l’aéroport.

Sachant que l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle connaît un trafic similaire à celui de Schiphol (505 000 mouvements en 2019), une trentaine d’associations, dont FNE Ile-de-France, ADVOCNAR et le collectif Non au T4, a écrit à Élisabeth Borne pour demander que, à l’exemple de Schiphol, le trafic à Roissy soit plafonné à 440 000 mouvements par an. Parmi les signataires, on compte des associations locales, des organisations nationales ou internationales mobilisées sur l’aviation et le climat, mais aussi des scientifiques, des collectifs et syndicats de salariés de l’aéronautique.

Pollution sonore aérienne : notre santé est menacée !
Aujourd’hui, 1,9 million de Franciliens est exposé à un niveau de bruit dépassant les valeurs guides de l’OMS, et jusqu’à trois années de vie en bonne santé sont perdues sous les couloirs aériens de Roissy. Le grave impact sanitaire du bruit aérien est désormais démontré par l’étude épidémiologique DEBATS conduite à l’échelle nationale.

Le 9 décembre dernier, dans une tribune publiée par Le Monde, plus de cent vingt professionnels de santé ont alerté sur les impacts sanitaires du bruit aérien. Ils demandent que des mesures soient mises en place par les pouvoirs publics : plans de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE) réellement efficaces avec l’instauration de plafonnements et de couvre-feux.

Réduire l’impact climatique de Roissy-CDG
Limiter Roissy à 440 000 mouvements par an serait également une étape importante dans la lutte contre le changement climatique. En effet, Roissy pèse pour près de 4 % des émissions de CO2 françaises, et beaucoup plus dès lors qu’on prend en compte la totalité des impacts climatiques de l’aviation ! Comme le soulignent le nouveau rapport du Haut Conseil pour le climat et le rapport de l’ADEME « Scénarios de transition écologique du secteur aérien », une réduction du trafic aérien national (et international) est nécessaire dès maintenant, car les progrès technologiques et les carburants alternatifs ne suffiront pas dans les délais requis. Cette réduction doit s’accompagner de mesures d’équité sociale et de préservation de l’emploi.Une délégation a été reçue le 9 janvier par la conseillère transport aérien auprès de Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports. Le dossier est maintenant entre les mains du ministère des Transports.

 

Françoise BROCHOT
Présidente de l’ADVOCNAR
advocnar.fr