Rencontre d’une délégation d’activistes ukrainiens écologistes
PARIS, le 1er décembre
La rencontre a permis une présentation des enjeux écologiques en Ukraine exposée par les quatre membres de la délégation, suivie d'un échange. Des journalistes étaient également invités. Au-delà de la mise en évidence des enjeux écologiques en Ukraine, les activistes ukrainiens voulaient discuter
- des formes de solidarité qui pourraient être mises en oeuvre depuis la France pour soutenir la communauté écolo ukrainienne
- des moyens de pression au niveau Européen à déployer pour que l'environnement ne soit pas oublié dans les aides à la reconstruction
- la préparation de futures délégations d'activistes écologistes français.e.s en Ukraine.
Cela pourrait être aussi l'occasion de parler d'une même voix, et de signer ensemble une tribune dans un grand quotidien sur le sujet (Le Monde, Libé) ou un media écolo comme Reporterre
Maxime Colin qui a participé à la rencontre fait part des remarques suivantes:
- Une rencontre très riche et intéressante, qui permet de mieux comprendre les enjeux environnementaux en Ukraine aujourd’hui :
1. Problématique de l’exploitation excessive et souvent illégale du bois en ukraine, qui existait déjà avant mais qui est accentuée aujourd’hui dans la mesure où il n’y a plus aucun contrôle et que les autorités ukrainiennes ont besoin d’argent pour financer la guerre, l’achat de forêts vient d’être simplifié, ce qui pose problème pour les forêts les plus riches en biodiversité, en particulier dans les Carpates. Or l’Union européenne est le principal consommateur de bois ukrainien (notamment via IKEA)
2. Au-delà de l’exploitation, les forêts sont victimes de destructions très importantes dans le cadre de la guerre (200 000 ha détruits), une très grande partie des forêts seront inaccessibles car elles devront être déminées à l’issue de la guerre (ce qui devrait prendre environ 10 ans)
3. Problématique du nucléaire qui rend les populations très vulnérables en cas de guerre (coupures d’électricité plus simples à provoquer et risque de catastrophe nucléaire), par ailleurs l’uranium est fourni en grande partie par la Russie (voir affaire à Dunkerque)
4. La police de l’environnement a beaucoup de mal à fonctionner en ce moment, la société civile n’a plus accès aux informations environnementales (il n’y a plus ni collecte de données ni évaluation environnementale)
5. La notion d’écocide existe dans la législation ukrainienne et le pays s’organise aujourd’hui pour documenter l’écocide en cours et préparer sa sanction à l’issue de la guerre (une juridiction spéciale a été créée).
Des suites concrètes à la rencontre ont été évoquées:
• La publication d’une tribune pour alerter sur la situation et relayer les demandes des militants écologistes ukrainiens et qui s’articulerait autour des leviers français et européens = boycott, inclure le bois ukrainien et l’uranium russe dans l’embargo européen, reconnaitre l’écocide en Ukraine
• un soutien moral et financier
* La délégation a rencontré à Bruxelles des membres du Parlement européen et des ONG et en France elle a également été invitée à une audition à l'Assemblée Nationale, en France, par la commission des affaires étrangères et par la commission du développement durable
La délégation était composée de :
• Natalia Gozak, directrice exécutive d’Ecoaction, l’organisation environnementale la plus importante et la plus influente en Ukraine (https://en.ecoaction.org.ua/)
• Yuliya Ovchynnykova, députée, membre du Verkhovna Rada Committee on Environmental Policy and Nature Management
• Yehor Hrynyk, spécialiste de la conservation des forêts, Ukrainian Nature Conservation Group. (https://uncg.org.ua/en/)
• Dmytro Tuzhanskyi, politologue, directeur de l’Institut de stratégie pour l’Europe centrale
• Oreste Del Sol, agriculteur, membre actif du mouvement free Svydovets(https://freesvydovets.org/)