DÉCHETS
Une montagne de "remblais à Villebon-sur-Yvette
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img229Un projet de stockage de déchets inertes entre la Boële et l’Yvette annihile toute possibilité de restauration d’une zone d’expansion de crues. Mais, avant les années 1970, ces terrains encerclés par l'Yvette et la Boële formaient une cuvette capable de recevoir les débordements des cours d’eau. Et, depuis, le site s’est reboisé et présente un intérêt écologique indéniable.

Une étude de la trame verte et bleue réalisée récemment par la communauté d’agglomération Europe Essonne démontre le potentiel de ce secteur et la nécessité de « préserver, protéger, renforcer la biodiversité de ce site avec une gestion restauratoire des friches ». Un dossier de demande de dérogation pour destruction d’espèces protégées en cours d’instruction confirme, d’ailleurs, la présence d’habitats d’intérêt communautaire. L’ASEVI1 rappelle, également, qu’il y a peu un projet de construction d’une station d’épuration avait été envisagé sur cet emplacement et que le SIAHVY 2 exposait dans son argumentaire la nécessité de restituer ce fond de vallée en zone humide et de retirer les remblais pollués pour retrouver « les fonctions écologiques du site ».

Les travaux du Grand Paris Express avancent à marche forcée et la feuille de route des services de l’État est de trouver en urgence des exutoires pour entreposer les 45 millions de tonnes de déblais issus de ces chantiers. C’est dans ce cadre que le site de la Prairie de Villebon-sur-Yvette a été identifié pour accueillir le stockage de plus de 2,7 millions de tonnes de déchets inertes. Les remblais pourraient atteindre jusqu’à 20 mètres de hauteur en limite des premières habitations de Champlan. Le chantier s’étalerait sur cinq ans et générerait une circulation de 150 à 200 camions/jour dans un secteur en permanence saturé et qui subit déjà une accumulation de nuisances : zones commerciales, routes, autoroutes, aéronefs.

Officiellement, le site de la commune de Villebon présente ce projet comme « un parc paysager destiné à devenir un lieu naturel propice à la biodiversité, à la détente et une entrée de ville revalorisée à la couverture végétale harmonieuse ». Mais pour les associations et les communes riveraines, gravement touchées par les inondations de 2016, ce projet n’est pas acceptable.

Certes, cet espace de 25 hectares, laissé à l’abandon pendant de nombreuses années, a déjà été recouvert de plusieurs couches de déchets de matières diverses (démolitions, hospitaliers, industriels).

Certes, un premier aménagement a déjà été réalisé sur la partie ouest du site, en 2016, créant une première butte de 10 mètres.

Pour le maire de Champlan, ce site constitue le seul emplacement disponible le long de l’Yvette pour servir de zone d’expansion des crues. Il réclame une véritable solidarité territoriale et va même jusqu’à solliciter l’accompagnement financier de l’établissement public d’aménagement Paris Saclay (EPAPS) pour la restauration de la zone humide et le retrait des remblais pollués.

À Longjumeau, commune lourdement touchée par les inondations de 2016, le conseil municipal s’est prononcé contre ce projet, tout comme la commune de Saulx-les-Chartreux.

Quant aux associations, elles ne comprennent pas comment un tel projet a pu voir le jour alors qu’un plan de restauration et de gestion écologique (PRGE) de l’Yvette, piloté par l’ensemble des partenaires institutionnels du SIAHVY2 (services de l’État, Agence de l’eau, Région et département), et un inventaire des zones humides sont actuellement à l’étude.

 

Jean-Pierre MOULIN
Président d’Essonne Nature Environnement
Christian GUIN
Vice-Président de l’ASEVI

1 Association de sauvegarde de l’environnement à Villebon
2 Syndicat intercommunal pour l'aménagement hydraulique de la vallée de l'Yvette

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