AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET URBANISME
Un vrai plan d’action « cœur de ville », ou une nouvelle subvention déguisée ?
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Le commissariat général à l’égalité des territoires vient de faire connaître les 222 villes bénéficiaires du plan d’action cœur de ville. Si dans l’esprit, ce projet ne peut susciter qu’approbation de la part de FNE Ile-de-France, il est de notre devoir d’attirer l’attention sur certaines villes retenues qui font débat.
Rappelons d’abord que la grande distribution, souvent implantée en périphérie des villes, a participé très largement au déclin des centres-villes, en condamnant les commerces de proximité et favorisant, ainsi, la paupérisation des communes moyennes, y compris la plupart des communes rurales.
La Commission départementale d’aménagement commercial (CDAC), instaurée à l’origine par la loi dite « Jean Royer » en 1974, n’a pas rempli sa mission. Dans cette commission, les fédérations départementales de défense de l’environnement dénoncent régulièrement les implantations commerciales éloignées des centres-villes soutenues par une grande majorité d’élus locaux. Ces mêmes élus venant s’indigner quelques mois plus tard à l’occasion de la fermeture d’une boulangerie ou d‘un libraire de quartier par manque de fréquentation.
En Ile-de-France, la désertification de beaucoup de centres-villes est devenue alarmante et si ce plan est destiné à participer à la reconquête de plusieurs d’entre eux, il est toutefois légitime de s’interroger sur la présence de certaines villes.
En Essonne, par exemple, avec Évry privé de véritable centre et qui continue à se développer de façon mono-fonctionnelle, multipliant les immeubles d’habitation sans se doter d’une structure urbaine mixte. La situation du centre commercial Évry2, avec ses 220 boutiques annoncées, dont le tiers est fermé, est là pour démontrer la succession d’erreurs jamais prises en compte par les responsables locaux. Sans connaissance de solutions adaptées à cette situation, nous pouvons nous interroger sur le bien-fondé de sa sélection dans le projet « cœur de ville ». De même, Corbeil-Essonnes continue encore aujourd’hui à favoriser l’implantation de surfaces commerciales en périphérie. Cette pratique n’a fait qu’accélérer la paupérisation de son centre pourtant riche d’un patrimoine historique.
Nous pourrions évoquer aussi le Val-d’Oise, avec la ville de Gonesse qui a créé deux zones commerciales à l'écart du centre-ville, responsables de l'effondrement du commerce de proximité. En défendant maintenant la création d'EuropaCity, Gonesse accentuera encore plus ce phénomène de paupérisation de sa ville historique.
La sélection au titre du dispositif « cœur de ville » ne nous paraît pas être la réponse la mieux adaptée à ces situations.
La solution la plus pertinente serait de faire prononcer un moratoire interdisant la poursuite d’implantations de surfaces commerciales périurbaines pendant une période significative (trois ans minimum) et de vérifier, au terme du délai, si le retour du commerce de proximité est susceptible de participer à la reconquête de leur centre.
Jean-Pierre MOULIN
Président d’Essonne Nature Environnement