AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET URBANISME
Quel avenir pour l’Institut George-Eastman ?
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L’appel à projet « Réinventer les dessous de Paris » lancé par la ville de Paris menace un bâtiment Art Déco dont la vocation d’intérêt général peut disparaître. ADA 13 réagit et fait des propositions.
En 1930, George Eastman, l’inventeur de la pellicule et fondateur de Kodak a offert à la Ville de Paris 1 million de dollars pour construire et faire fonctionner un établissement d’hygiène dentaire à l’usage des enfants des écoles publiques.
Le bâtiment a été construit dans le 13e arrondissement sur le terrain d’une ancienne usine à gaz, sur lequel a été aussi aménagé le parc de l’avenue de Choisy.
L’édifice, en forme de U, comporte deux étages sur deux niveaux de sous-sol. Son ossature métallique revêtue de briques rouges rappelle l’architecture industrielle et témoigne de l'influence du style hollandais sur l'architecture parisienne des années 1930. La décoration intérieure a été conçue par Charles Sarrabezolles. Cinq médaillons représentent les activités vitales de l’enfant (le sommeil, le repas, le jeu, l'étude et la musique). Deux médaillons allégoriques de large dimension sont apposés sur la façade. L’un d’eux représente l‘Amérique offrant l’Institut à la France.
Pendant des années, les enfants des écoles primaires du 13e ont défilé à Eastman pour le contrôle et les soins de leur dentition. Il subsiste encore aujourd’hui six fauteuils de dentiste. Les étages sont occupés par les laboratoires du Service parisien de santé environnementale (SPSE). Des appareils de mesure d’Airparif sont installés sur le perron.
Sauvegarde de notre patrimoine collectif
Compte tenu de son histoire et de son rôle social, l’Institut George-Eastman est un lieu emblématique du 13e.
C’est donc avec un grand étonnement que nous avons découvert que l’Institut dentaire figurait dans la liste des trente et un sites proposés à la vente ou la location de longue durée dans le cadre de l’appel à projets « Réinventer les dessous de Paris ». Non seulement, on ne voit pas bien le rapport entre ce bâtiment et les sous-sols parisiens, mais surtout, nous avons été choqués par la perspective de la privatisation.
Ada13 a immédiatement réagi : "L'institut doit mesurer propriété publique, être ouvert à la population et être affecté à un service d'intérêt général." Le conseil de quartier a également protesté : "Ensemble, nous demandons que le bâtiment accueille une maison des associations, des salles de réunion, des activités culturelles sans but lucratif. Il pourrait aussi être le lieu de relogement de la bibliothèque Marguerite-Durand, centre de recherche sur l’histoire du féminisme, dont l’existence est menacée."
Les salariés du très utile Service parisien de santé environnementale de la Ville de Paris ignorent où et comment ils pourraient continuer leurs activités.
Ada13 a saisi la Direction régionale des affaires culturelles pour demander l’inscription de George-Eastman à l’inventaire des Monuments historiques. Nous ne sommes pas les seuls : dans sa séance du 31 janvier 2018, la Commission du Vieux Paris a demandé que soit réalisé un inventaire complet des biens de style Art déco présents dans l’Institut, et recommande leur maintien sur place. Elle demande que la Ville engage des démarches en vue de la protection du bâtiment au titre des Monuments historiques.
Mais une protection n’empêcherait pas la privatisation. Le combat continue !
Pierre DEBLOCK
Président de l’association pour
le développement et l’aménagement du 13e
www.ada13.com