FORMATION
Session « IDF’eau » du 13 juin 2015
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Continuité écologique et biodiversité des cours d’eau
Introduction
Cette journée de formation est la 4 ème d’une série de thématiques liées à l’eau. Elle a eu lieu volontairement de façon décentralisée à La Courneuve (Seine Saint Denis), en partenariat avec Environnement 93. Une première journée de formation sur la biodiversité avait eu lieu à Epinay sur Orge (Essonne) le 16 mai 2015.
Après une matinée consacrée aux exposés suivie d’un buffet campagnard, les participants ont été invités à une balade naturaliste vers les étangs des Brouillards et du Vallon dans le Parc Georges Valbon.
A la rentrée 2015, le 4 ème thème de la session de formation IDF’Eau concernera la « Protection de la Ressource Eau et des captages : pollutions diffuses et conventions de déversement des eaux usées industrielles ».
Une dernière session clôturera cette première série de formations : « L’eau, bien commun, et ses usagers », en partenariat avec la Coordination Eau.
1/ Requalifier une rivière en milieu urbain
* Eric CHANAL – SIAH des vallées du Croult et du Petit Rosne
Le Syndicat Intercommunal pour l'Aménagement Hydraulique des vallées du Croult et du Petit Rosne (SIAH) regroupe 35 communes du Val d’Oise et s’étend sur environ 20 000 hectares. Il a deux missions principales : lutter contre les inondations et lutter contre les pollutions de l’eau.
On appelle rivière « anthropisée » une rivière dont les caractéristiques sont modifiées par l’Homme, ce qui la différencie de la rivière « naturelle » sinueuse, aux berges végétalisées, et dont le lit présente un espace de mobilité collatéral.
La rivière trouve son équilibre entre sa géomorphologie (gabarit – méandres) et des caractères écologiques - qui induit une réflexion sur la transversalité de son lit. La réhabilitation écologique d’une rivière sera bien acceptée socialement s’il y a une bonne maîtrise des débordements et la diversité des habitats rivulaires est favorisée.
Exemple du projet intégrateur du Petit Rosne à Sarcelles
Malgré des contraintes multiples d’ordre foncier, financier (800 K€ HT hors mobilier urbain), économique, de sécurité et de gestion des déchets, le Petit Rosne a pu progressivement être réouvert y compris en cœur de Sarcelles Village et la plupart de ses abords ont été rendus à la population.
Les facteurs de réussite sont une maitrise d’œuvre performante soutenue par une vraie conviction politique, une bonne maîtrise du foncier, une collaboration efficace entre ville et Etat, un plan de gestion clair et efficient sur les sites renaturés. Une communication auprès du public sur les règles de fonctionnement de cet espace de nature et les bons gestes pour l’environnement ont complété cette action.
* François KERROS, Président de l’ASSARS
L’ASSARS a été créée en décembre 1992 afin « de rechercher et préconiser des actions avec et auprès des pouvoirs publics et des autorités techniques pour déterminer tous moyens et travaux à effectuer pour éviter des inondations à Sarcelles. » : la construction depuis les années 1972 de 7 retenues d’eau par le SIAH, en amont de Sarcelles, n’ayant pas résolu le problème d’inondations, les habitants ont pris eux-mêmes le problème en main en participant à la vie associative ...
Inondations des 31 mai et 1 er juin 1992
La réouverture au fil du temps du Petit Rosne fait partie des projets que l’ASSARS a accompagnés de bout en bout. Le défi de demain va être de préserver ce nouvel espace de nature ouvert à l’usage des habitants, notamment des dépôts de déchets.
2/ Biodiversité et continuité écologique : les poissons sont-ils de retour dans les coursd’eau franciliens
Léopold SARTEAU, Président de la fédération de Seine et Marne pour la pêche et la protection du milieu aquatique
Les poissons, s’ils ne servent plus aujourd’hui de nourriture pour le Parisien, sont d’autant plus utiles qu’ils sont les premiers indicateurs de la qualité de nos cours d’eau. Ils sont nos « lanceurs d’alerte » et il faut garder en mémoire que 80 % de notre eau potable vient des rivières. Comme tout être vivant, le poisson doit avoir un habitat, de la nourriture et des lieux de reproduction et de développement (frayères).
Dans la Seine, en 1905, il ne restait plus que 3 espèces de poissons...Mais en 25 ans, on est passé de 14 espèces à 32 espèces dans la Seine, et de 14 à 30 espèces dans la Marne. La population d’une rivière est caractérisée par l’IPR (Indice Poissons Rivière), indicateur de l’évolution de la présence des poissons (espèces et quantité) sur un cours d’eau : moins il est élevé, plus il est bon. Cet indicateur est toujours à rapprocher de la typologie du cours d’eau.
Cet indicateur est établi lors de pêches électriques, technique consistant à créer un champ électrique qui impacte le système neuronal des poissons en induisant une nage forcée ; ils sont pêchés, calibrés et remis à l’eau.
On distingue ainsi :
- des espèces très tolérantes : Ablette, Anguille, Barbeau fluviatile, Brème, Brème bordelière, Brochet, Carassin, Carpe commune et ses sous-espèces (miroir, cuir), Chevaine, Epinoche, Epinochette, Gardon, Grémille, Loche franche, Poisson-chat, Perche, Perche soleil, Pseudorasbora, Rotengle, Sandre, Silure glane, Tanche
- des espèces moins tolérantes qui sont revenues avec l’amélioration de la qualité de l’eau des fleuves : Alose (rare), Bouvière, Chabot, Chabot, Goujon, Hotu, Lote de rivière, Saumon (exceptionnel en amont de Paris), Truite arc-en-ciel (issues de repeuplements à caractère halieutique), Vandois)
Rétablir une continuité écologique « raisonnée » sur nos cours d’eau représente:
• la reconquête qualitative de l’eau ;
• la possibilité pour les espèces d’accomplir un cycle de vie complet : reproduction en ayant retrouvé
des frayères, développement des juvéniles, croissance, nourriture et habitat pour les adultes ;
• la diversification des espèces en fonction du profil du cours d’eau ;
• la lutte contre les effets négatifs du réchauffement climatique (+ de courant = rafraichissement des
rivières)
3/ Enjeux de la biodiversité de la vallée du Sausseron
Jean-Claude CAVARD
La vallée du Sausseron, située dans le Parc Naturel Régional du Vexin Français, présente un grand intérêt patrimonial hydraulique. Il est actuellement en chute de biodiversité, avec anthropisation et artificialisation de ses affluents. Ses milieux ont régressé à partir de la moitié du XXe siècle avec la mutation de l’agriculture (machinisme, fertilisation, pesticides) et la méconnaissance du rôle des zones humides : 50 % de ces zones humides annexes ont disparu en moins d’un siècle.
Le bassin versant du Sausseron couvre 114 km2, dont 90% de la surface est exploitée (60% de grandescultures – 30% de boisements non humides).
Il présente un chevelu exceptionnel de rus d’environ 30 km de long qui se jettent dans le Sausseron, mais dont les 9/10 ème sont en écoulements temporaires la majeure partie de l’année et sur des vallons essentiellement privés. À noter le marais de Rabuais, d’une surface de 63 ha, à cheval sur l’Oise et le Val d’Oise, et géré par l’ONF, mais fortement artificialisé, notamment par des peupleraies, une vision d’une nature maîtrisée loin des assemblages écologiques de ces milieux sensibles.
4/ Rivières d’Ile de France, source de biodiversité (support NatureParif)
Christian WEISS, Chargé de mission Eau à FNE Ile-de-France
Les cours d’eau franciliens représentent plus de 12 000 km 2 . Ces milieux aquatiques sont parmi les espaces naturels les plus menacés d’Ile de France : eaux polluées, cours rectifiés, berges bétonnées ou talutées, végétation banalisée. Les zones humides qui les jouxtaient (marais, prairies, forêts alluviales) ont souvent été drainées ou comblées, empêchant l’expansion des eaux courantes en période de crue et favorisant ainsi le risque d’inondations. Celles-ci ont perdu 50 % de leur surface en 50 ans, entraînant une forte érosion de la biodiversité de ces milieux sensibles, dont 42 espèces d’oiseaux dépendent. Les forêts rivulaires qui les bordaient ont souvent été arasées, aggravant l’érosion des rives et détruisant les habitats de la faune. Une renaturation et un reméandrage de plusieurs cours d’eau se poursuit aujourd’hui grâce aux partenariats entre les associations et les acteurs de l’eau, mais de nombreux rus, ruisseaux, et rivières présentent encore en 2015 une très mauvaise qualité des eaux et des milieux « naturels » et une biodiversité minimale.