AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
L'île Seguin n'est pas qu'un terrain à bâtir !

______   

192 5 ile Seguin 232L’île Seguin a fait l’objet, durant l’été 2020, d’une enquête publique de la commune de Boulogne-Billancourt sur la construction, sur sa partie centrale, de six immeubles de 103 m de long chacun, répartis le long d’une rue de 15 m de large. Ces bâtiments, destinés surtout à des bureaux (7 à 13 étages, 38 à 59 m de haut) totalisent 130 000 m². Ils achèveraient la construction de l’île, sur 11,5 hectares, ne conservant qu’1,5 hectare de jardins.

L’avenir d’une île aussi emblématique ne pouvant pas être confié à une seule commune, les associations ayant déposé des avis défavorables se sont regroupées contre ce projet en publiant, le 17 octobre 2020, « la déclaration de l’île Seguin », signée aujourd’hui par trente-deux fédérations, associations et collectifs des Hauts-de-Seine. FNE Ile-de-France s’est jointe à cette initiative.

Préserver le paysage remarquable du méandre
Par le tracé de son méandre, la découpe de ses rives et le profil de ses îles, la Seine dessine dans la séquence comprise entre Issy-les-Moulineaux, Boulogne et Saint-Cloud une des scénographies les plus remarquables de sa vallée dans l’agglomération parisienne. Elle s’écoule à l’ouest, le long de coteaux verdoyants, accueillant parcs, terrasses et belvédères : les parcs de Saint-Cloud, de Brimborion, des Montalets, les terrasses de Bellevue, les promontoires de TDF et du CNRS, l’esplanade de la Manufacture de Sèvres, autant de sites aujourd’hui inscrits ou classés. Dans son lit, trois îles : l’île Saint-Germain, l’île Seguin et l’île de Monsieur et, à l’est, la plaine où infrastructures, urbanisation et désindustrialisation ont, depuis quarante ans, favorisé un intense renouvellement urbain. Il faut préserver le grand paysage du méandre.

Le projet immobilier de l’île est fortement critiqué
Dans son avis du 14 décembre 2018 (p. 10), la MRAe recommande à l’aménageur « de démontrer plus précisément que les projets de construction sur l’île Seguin ne constituent pas un écran important aux vues sur le grand paysage et de modéliser l’impact des futures constructions sur les perspectives au droit du Trapèze ». Son avis du 20 mai 2020, sur le projet de l’île centrale (p. 16 à 21), recommande d’approfondir l’analyse du paysage de l’île Seguin pour mieux appréhender les perceptions depuis les sites inscrits et classés, à proximité, et l’ouverture du paysage que permet l’île Seguin dans son état actuel, notamment depuis Boulogne-Billancourt.

Plusieurs simulations montrent la perspective nouvelle qui va défigurer ce grand paysage (cf. celle du Comité de sauvegarde des sites de Meudon).

Un enjeu de santé humaine et environnementale !
Densifier à ce point l’île s’oppose à la préservation des chaînes de biodiversité très présentes le long des fleuves et dans cet environnement verdoyant, comme au rôle de couloir de ventilation et de rafraîchissement joué naturellement par les fleuves durant les fortes canicules.

Ce projet immobilier aggravera l’excédent de bureaux, dans les Hauts-de-Seine. Il va à l’encontre du développement du télétravail contribuant à réduire les flux de transports en commun, à désengorger les villes et à proposer une autre qualité de vie.

Contester ce projet, c’est préserver l’intérêt général et l’avenir de nos enfants. Pour lutter contre le réchauffement climatique et la perte de biodiversité, il faut renaturer les hectares du centre de l’île, respecter le paysage, satisfaire les besoins d’espaces verts des habitants. L’avenir de l’île Seguin nous concerne toutes et tous !

Trois associations ayant intérêt à agir (Environnement 92, Nous sommes Boulogne et La Seine n’est pas à vendre) ont déposé un recours gracieux contre les deux permis de construire, le 4 janvier.

Irène NENNER
Environnement 92

environnement92.fr

Bertrand RUTILY
Nous sommes Boulogne

Marcel ROUSSET-DESCHAMPS
La Seine n'est pas à vendre

laseinenestpasavendre.com

 

Submit to FacebookSubmit to Google PlusSubmit to Twitter